« La souffrance, le désir d’être ligoté ou battu, humilié, n’appartiennent pas à la sexualité normale de la femme. (…) La question de savoir si la femme est plus ou moins masochiste que l’homme peut être décidée rapidement. Dans ce sens-là [celui de la perversion]. la femme est certainement moins masochiste
Ce cas de masochisme « dans le sens perversion » dont parle Reik se retrouve dans les témoignages d'Agathe et Margot sur l'article
plus rare que le masochisme érogène de l'homme, ces femmes existent. Leur parole le prouve : Agathe
., drague virile qui se « tape » le maître qu'elle nomme « le baroudeur » : « Il a un physique de Maître ». Le maître veut lui emprunter trente mille francs. Par cette demande, il signe sa reddition. Et Agathe termine en disant : « Le maître voulait faire la putain, il avait enfilé son porte-jarretelles mité
. »
Elles sont l'image d'une partie des femmes d'aujourd'hui, femmes libérées, à leur tour, elles cherchent une « ligne de fuite. » La ligne de fuite dont parle
, l’esclave éduque le maître. Le contrat est d’abord un contrat d’apprentissage. La violence permet la rédemption et le vice y est, comme dirait
» - La ligne de fuite c'est être outsider. C'est lorsque
. »
Agathe et Satis représentent les femmes libres. Libres de vivre un masochisme festif, dont elles sont - à la manière de
, et des hommes masochistes festifs en général - seules instigatrices. Et à ce titre on les sent bien différentes de
. Elle se serait même fait aider pour dominer et se soumettre elle-même, afin de mieux cerner son enquête. Dans son livre,
. Gini Graham Scott relate ce qu'elle apprend de ces communautés sans y ajouter de réflexions personnelles. Les participants employaient les termes
. De nombreuses polémiques naquirent. À savoir quelle pratique était plus ou moins anormale, tabou l'une par rapport à l'autre. Les termes
furent employés. D'un commun accord, les communautés décidèrent qu'il s'agissait de pratiques sœurs. Et, ils adoptèrent définitivement le terme BDSM. Lorsque Gini Graham Scott a fait cette enquête le sigle BDSM n'existait pas encore. Elle emploie dans la version originale (anglophone) les termes D&S pour l'expression
À l’heure où Gini Graham Scott écrit, les responsables de l'Église S.M. sont :
. Les femmes projettent de travailler en tant que dominatrices professionnelles. Après une courte durée de confidentialité Diana et Drew intéressés par la sorcellerie rejoignent le groupe et enseignent aux autres l'adoration de la Déesse
Sectateurs et sectatrices de l'Église S.M. organisent des rituels calqués sur les cérémonies chrétiennes. Ils n'adorent pas Dieu le Père, mais la
. Ils se prosternent aux pieds de la prêtresse qui les frappe légèrement avec une petite badine sur la tête et les épaules : « Acceptez-vous de souffrir pour apprendre ? » Ce n'est qu'après cette réinterprétation de la pénitence, dans la perspective de domi-soumission, que le communiant purifié peut recevoir le pain et le vin de la communion.
« (…) Nous sommes maintenant réunis ici, tous ensemble
Pour adorer la Déesse
car elle est la Grande Mère
Et son amour se déverse sur l'univers (…) »
« Au cours d'une cérémonie, Lance expose les avantages des sociétés matriarcales dirigées par des femmes aussi puissantes qu'Élizabeth 1re, Cléopâtre ou Nefertiti. »
Toujours dans un rite, on attache les hommes sur le ventre. Les poignets sont liés aux chevilles afin de leur apprendre l'humilité. Pendant cette mise en scène, Gini Graham Scott relate la réflexion d'une sectatrice : « N'ont-ils pas l'air chou ? Ils nous donnent juste envie de les battre. » Enfin les scènes de
flagellation, les suppliciés sont attachés, mains en l'air au-dessus de la tête. Dans son livre, Gini Graham Scott précise que le fouet utilisé est un
chat à neuf queues. Toujours suivant l'auteure, l'Église S.M. intéressait essentiellement les hommes et la rareté de ses membres féminins a eu pour conséquence la démission rapide de nombreux hommes frustrés
58.
Psychanalyse et philosophie
Theodor Reik écrit : « le masochisme est une tendance instinctive commune en tant que possibilité et réalisation à tous les êtres humains, et ne devient pathologique qu'en dépassant certaines limites et en adoptant une nature qui exclut presque toutes les autres directions de l'instinct
25. »
Jean Ristat écrit : « Le sadisme est universel et le masochisme est clandestin
60 ». Signifiant ainsi qu’il y aurait beaucoup moins de gêne à exhiber la douleur sociale. Alors que réclamer une douleur festive sous l'appellation masochiste a une connotation honteuse et de ce fait à cacher. Jean Paulhan était donc un visionnaire lorsqu'il a écrit : « (…) de ce bon romancier autrichien qui vint au monde cent ans après Sade, dont les héroïnes cruelles étaient vêtues d'une cravache, et parfois de manteau de vison. Je sais bien que tous les goûts sont dans la nature, et toutes les manies. Celle-ci n'est pas dangereuse ni plus déplaisante qu'une autre. Elle ne l'est pas moins non plus. Mais pour être mystérieuse, elle l'est ! Exactement, elle est la seule manie que l'on ne puisse châtier sans lui venir en aide, ni punir sans la récompenser. Parfaitement incompréhensible : absurde. Reste que de cette absurdité le critique peut se faire (comme on dit) une raison
61 ». Et malgré ces sources, pour certains écrits « blogestes » ou « forumesques »
[style à revoir], le terme masochiste reste couvert d'opprobre et reste caché. Ils emploieront le mot soumis ou soumise pour parler du ou de la subordonné(e).
Il semble assez incompréhensible que l'on parle de soumission sans y ajouter le mot « volontaire » si l'on se prétend dans le
librement consenti. Quant à la domination, lorsque l'on se réfère à la
domination masculine,
patriarcale, ou
criminelle, il serait utile de préciser dans quel champ nous nous trouvons. Car un
sadique criminel exerce aussi la domination dans le cas de
Natascha Kampusch par exemple, qui se raconte dans son livre
3096 jours. L'homme qui la retenait captive la faisait déambuler à moitié nue dans la maison de Strasshof pour lui retirer tout espoir de fuite. Il lui répétait sans cesse, « je suis ton roi, tu es mon esclave
62 ». À propos d'humiliation, voilà ce qu'en pense
Gilles Deleuze : « On remarque que le masochiste est comme tout le monde, qu'il trouve son plaisir là où les autres le trouvent, mais simplement qu'une douleur préalable, ou une punition, une humiliation servent chez lui de conditions indispensables à l'obtention du plaisir. » Donc,
Deleuze inclut bien l'humiliation dans la relation masochiste. Bien que la fusion ait été décidée entre ces sexualités : Bondage, discipline, soumission volontaire, domination sexuelle, sadomasochisme. À nouveau, et sans doute pour les raisons évoquées ci-dessus, des communautés prétendent appartenir à un nouveau type de relations qu'ils nomment
D/s.
Origine du mot soumission
La soumission sociale n'est pas une relation douce. Lorsque l'on remonte l'histoire de notre civilisation la soumission dans divers domaines se rapproche du crime, de l'autorité sociale particulièrement sévère accompagnée de violences physiques. On rencontre la soumission à la question
inquisition, la prostituée soumise, (soumise au
proxénète), etc. Alors que le ou la masochiste sont libres ; et qu'il ou elle éduque le bourreau, ou la bourelle : il ou elle l'éduque pour une mise en scène que lui ou elle seul(e) décide.
Daniel Leuwers a préfacé une
Vénus à la Fourrure en livre de poche : « Le masochiste cherche à conditionner l'attitude de la femme en vue de la faire participer à un jeu dont il entend assumer seul la direction. Il s'agit de donner à la femme l'illusion du pouvoir alors qu'elle est sous le joug insidieux de l'homme qui la force à le battre'
63 ». Celui qui se ferait battre ou humilier sans accord explicite ponctué par le contrat, serait la victime du
sadisme. Les
psychanalystes,
Sacha Nacht confirme la maîtrise du
masochiste. À moins de parler de « soumission volontaire », l'amalgame peut être très vite vite effectué entre la soumission sociale et la soumission erogène. Alors, que le mot
masochiste est, lui, beaucoup plus clair. La douleur, nous dit Sacha Nacht, « dans la plupart des cas, […] vient compléter et achever une mise en scène plus ou moins compliquée, imaginée, puis exigée par le masochiste
64 ».
Actuellement, quelques romans de gare enseignent des méthodes destinées aux femmes, pour l’éducation de leur mari. Mais ces thèses ne se retrouvent pas chez des auteurs reconnus et sérieux. Ces textes sont souvent écrits par des personnages inconnus de tout public. Qui, à l'image d'un gourou, tentent de former des disciples.
Leopold von Sacher-Masoch, lui, écrivait son programme et harcelait ses compagnes pour qu'elles incarnent
Masochisme de Leopold von Sacher-Masoch, mais il avait l'honnêteté de dire « Si une telle femme était dans ma vie, elle ne serait pas dans mes livres ».
Pratiquants
Article détaillé :
Dominatrice.
En dehors des professionnels, on note divers pratiquants.
- Les couples : ils sont très rarement professionnels et exercent seuls ou établissent des relations avec d'autres couples et se rencontrent dans des soirées organisées ;
- Les hommes seuls, en recherche d'un ou plusieurs partenaires ;
- Le sadomasochisme est pratiqué dans le milieu gay, avec quelques professionnels gay ;
- Dominatrices amatrices ;
- Dominatrices professionnelles.
Elles sont fréquentées par des hommes qui ne veulent pas partager leurs fantaisies avec leur femme ou leur partenaire. Selon eux, leur compagne ne supporterait pas de rentrer dans leur fantasme et les quitteraient sûrement. Ou, pour la paix de leur famille, ils craignent de ternir l’image du Père. Ils vont voir une « professionnelle » car c'est plus pratique, rassurant et satisfaisant, que d'attendre des journées sur un chat, qu'une « non professionnelle » les convoque. Ils veulent en finir avec la pulsion et retourner à la vie civile. Là où, généralement, le maître, c'est eux.
[réf. nécessaire]
Elles se divisent elles-mêmes en différentes catégories :
- Celle qui renonce à son propre masochisme en devenant « masochisante8. » Elle n’est pas sadique et l’erreur serait de croire qu’elle l’est65. Cette dominatrice joint l’utile à l’agréable. Souvent d’excellentes techniciennes, lorsqu’elles sont appliquées. Lorsqu’elles ont assimilé leur rôle et sont attentives au moindre signe du sujet pour comprendre ce qu’elles doivent ordonner. Il existe également de par le monde des « Maisons de domination » comme à New York, Pandora Box66 : autorisées en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis, etc., elles, sont interdites en France et sont passibles de condamnations pour proxénétisme67. Le film de fiction Maîtresse, avec Gérard Depardieu et Bulle Ogier, met en scène une dominatrice professionnelle68.
Pratiques et jeux de rôles
Certaines
pratiques sont bisexes, d'autres concernent uniquement l'homme ou la femme. En voici une liste non exhaustive :
Article détaillé :
Jeux de rôle et pratiques (BDSM).
Article détaillé :
Bondage.
Santé et sécurité
Démonstration d'une suspension partielle de bondage.
Certaines de ces
pratiques peuvent, lorsqu'elles se font sans la connaissance des limites des participants, être hasardeuses. C'est là que le
contrat intervient. Lorsque les partenaires ne se connaissent pas encore, il est indispensable de définir les limites avant le début du jeu. L'écoute, la progression et une attention particulière restant indispensables pendant le jeu. Afin de limiter tout risque de contamination, il est recommandé de ne jouer aux jeux d'aiguilles qu'avec son partenaire régulier, de façon à ne pas être piqué avec une aiguille avec laquelle le dominant se serait accidentellement piqué lui-même. De même, les objets de pénétration doivent être nettoyés après usage et protégés par un
préservatif pendant l'usage. La
cire chaude doit être versée d'une distance suffisante pour ne pas provoquer de vraies
brûlures (une plus grande distance refroidit la cire).
Les professionnel(le)s - et tout dominant pratiquant avec un sujet soumis qu'il ne connaît que peu ou pas - devront vérifier, avant toute pratique un peu dure suggérée par leur sujet, que celui-ci ne présente pas de contre-indication médicale : problème cardiaque, insuffisance respiratoire de type asthme ou sinusite, etc. Le dominant devra dans ces cas précis refuser certaines pratiques telles que suspensions par les pieds, contrôle de la respiration, bâillon dur,
masques,
cagoules de
contrainte, etc. Concernant le ligotage, il est indispensable de vérifier qu'a aucun endroit du corps la corde fait un effet
garrot. Il convient de proposer un signe dès que le sujet ressent un quelconque
malaise et, dans ce cas, de le libérer immédiatement. Il ne faut jamais laisser un sujet immobilisé sans surveillance.
Code de sécurité
Le « code de sécurité » ou « mot d'alerte » qui sonne l'arrêt immédiat de la séance, au cas ou le dominant ne serait plus à l'écoute et de ce fait dépasserait les possibilités du dominé. Il est utilisé par le sujet dominé. Quant aux codes de sécurité non verbaux, rendus nécessaires par l’usage des bâillons, un signe de la tête peut indiquer l'état d'urgence.
Cérébralité
Des dominants expérimentés estiment que le code de sécurité fait perdre une partie de la cérébralité du jeu. En effet ce qui provoque, souvent, l'
excitation et le
désir dans une relation dominant/dominé, c'est justement l'abandon du dominé qui s'en remet entièrement au dominant ou à la
dominatrice. Le dominant doit alors communiquer par une clef invisible et doit comprendre, sans que le dominé l'énonce clairement, à quel moment il doit ralentir, voire s'arrêter. Il s'agit de savoir communiquer comme un médium talentueux pourrait le faire. Il s'agit de comprendre les non dits. Pour cela le dominant doit connaître son sujet et la
dominatrice ou le dominateur doit être plus que jamais à l'écoute. Ce qui, évidemment, exclut les joueurs débutants qui doivent s'en tenir au code de sécurité.
Dans son livre
La domination Féminine, Gini Graham Scott met en garde la pratique des relations avec une dominatrice débutante. Et le risque reste le même avec une dominatrice peu psychologue. « Quand Travis commença à réaliser les fantasmes qu'il avait depuis longtemps, il dit à une dominatrice professionnelle « qu'il pouvait tout supporter, y compris une douleur intense
note 3 ? ». Elle le fouette donc sévèrement et bien qu'il la suppliât d'arrêter, elle ignora ses plaintes comme s'il s'agissait de réplique d'une comédie, ce qui effectivement, est souvent le cas. Mais alors qu'une femme dominante expérimentée observe le langage corporel de l'homme pour différencier les plaintes authentiques, cette femme ne fit pas attention et continua à frapper. Pour Travis, la séance fut une expérience affreuse et il garda durant deux semaines de larges marques rouges. » Plus tard Travis s'exprima dans la communauté : « Elle ne s'est pas souciée de ce que je désirais vraiment, elle m'a simplement mis en bouillie
69. »
Législations
Les législations des principaux pays occidentaux n'interdisent plus les pratiques sexuelles BDSM. Toutefois, le
Royaume-Uni définit un seuil de pratiques au-delà desquelles le BDSM tombe sous le coup de la loi. L'
affaire Spanner (année 1991) qui a consisté en la criminalisation d'hommes consentants, alors qu'aucune plainte de quiconque n'avait été déposée, a jugé coupables des « dominants » sur la seule base des marques laissées sur les « soumis. » Une fessée un peu appuyée, un bondage serré sont donc illégaux (ce jugement a été validé par la Cour européenne en juin 1997
70). Il faut s'en tenir au jugement. Les participants à ce que l'on a nommé l'affaire Spanner furent condamnés sur la possession d'images hard entre majeurs consentants. Ce qui est à noter c'est qu'à l'époque, la loi anglaise punissait ceux qui se faisaient violence à eux-mêmes, d'où l'interdiction de se suicider. Un rescapé du suicide en Angleterre était passible de prison pour tentative de meurtre envers lui-même. C'est ce qui amena la chambre des Lords à infliger des peines de prison aux « dominés. » Des peines inférieures d'environ 50 % par rapport aux dominants.
La
Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a aussi statué dans l'affaire K.A. et A.D. c/Belgique (jeux sexuels entre plusieurs hommes et une femme) le 17 février 2005 contre une pratique du sadomasochisme si la personne « esclave » demandait de façon expresse mais aussi tacite l'arrêt de ces pratiques. En l'occurrence, la justice juge le manquement au consentement, mais pas la pratique en elle-même, ce qui était le cas dans l'affaire Spanner. Depuis 2002, la Suisse possède l'une des législations les plus répressives concernant la pornographie dite dure
71.
Associations
Il existe dans chaque pays (ou région selon le besoin) des
associations qui ont pour but (non lucratif) d'accueillir les curieux, les débutants, et les adeptes du BDSM. Ces associations offrent un milieu sain et stable pour découvrir ce monde en toute sécurité.
- L'association qui milite pour l'annulation du jugement de l'affaire Spanner : ce groupe souhaite « défendre les droits de sadomasochistes de toutes orientations sexuelles et en particulier annuler le jugement […] qui rend certaines activités SM illégales même en cas de consentement de toutes les parties72 ».
- PariS-M : Association dont l'objet est de permettre à la communauté Fetish BDSM de s’exprimer, de créer des liens, de recueillir et diffuser des informations relatives aux pratiques sûres, saines et consensuelles73.
Médias
Films et téléfilms
Article détaillé :
Sadisme et masochisme au cinéma.
Certains films grand public contiennent des scènes de violence sociale, telles que des scènes de
fouet, de
fessée ou de
bondage. De telles scènes peuvent susciter un
fantasme originaire BDSM et susciter des interprétations chez le spectateur, sans que le thème du film soit le BDSM, implicitement ou explicitement. Certains films, comme
Maîtresse de
Barbet Schroeder, prennent le sadomasochisme, le bondage ou la discipline comme thème central, mais d'autres peuvent ne traiter le sujet que de manière très secondaire, sans que le thème général soit assimilable au BDSM. Le film
Lunes de fiel inclut ainsi une brève scène de rapport sadomasochiste qui n'est qu'accessoire dans le récit, la relation perverse et cruelle entre les protagonistes allant bien au-delà du BDSM. On retrouve ce type de scènes dans certains films figurant dans la liste ci-dessous.