Journal d'un survivant
Khalyan est un monde meurtri. Meurtri, vide et sauvage.
Mais avant cela, il y avait la civilisation. C'était peut-être hier, peut-être il y a cent ans. Je ne me rappelle pas.
La dernière Collision a endommagé nos mémoires à tous.
Oh, il y en a eu d'autres, des Collisions, bien d'autres ! Senchal a été bâtie sur une zone sensible, et de tous temps les Senchaliens ont vu des arbres disparaître, des cabanes se volatiliser, des structures d'un autre âge se matérialiser devant leurs yeux. Les mages ont même appris à utiliser l'énergie des Collisions pour leurs propres besoins.
Senchal a toujours vécu avec ces Collisions, et sous le règne bienveillant de son roi elle a su en tirer parti et bâtir un grand empire sur Khalyan. Senchal, la plus cosmopolite de toutes les villes, mélange de genres, de cultures, de lieux et d'époques.
La capitale du monde.
Mais la dernière Collision a été apocalyptique. Elle a tout emporté sans distinction. Des paysages entiers arrachés à la réalité, des bâtiments tombant dans les flammes de l'Enfer et d'autres surgissant du Néant.
Et aujourd'hui, il ne reste presque rien. Il ne reste que deux personnes, et à l'heure où j'écris ces lignes elles se donnent corps et âme pour rebâtir une civilisation à partir de cette ville saignée à blanc. Car oui, Senchal est toujours debout. Quasiment détruite, défigurée, à genoux, mais bel et bien là. Senchal l'Intemporelle, perle de sable et de pierre qui faillit redevenir poussière, qui plie mais ne cède jamais.
Une ville affaiblie, pâle reflet de sa majesté passée.
Mais l'espoir est là. La reconstruction est en marche, et alors que je m'apprête à partir pour ma dernière demeure, de jeunes gens arrivent tous les jours en ville pour participer à la reconstruction, pleins d'espoir mais aussi d'ambition. Certains vivront simplement, d'autres aspireront à de hautes fonctions, d'autres enfin iront tenter leur chance à l'extérieur et fonder leur propre ville.
Quels que soient leurs choix, ils ne me concernent plus. Je fais partie de l'ancien Khalyan, et tout comme lui je dois partir.
Ce monde est mort une fois, mais sous mes yeux il renaît.
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