Bonsoir à toutes et à tous !
Aujourd'hui c'est jeudi, et nous vous proposons un nouveau chapitre de nos Chroniques des Terres d'Azilys ! Notre rôliste en chef a décidé d'innover un peu, pour cette semaine ! Nous espérons que votre lecture sera agréable.
Chroniques d'Azilys - Un Voyage Extraordinaire
Acte I - Le Feu de la Terre
Chapitre III - La Légende du Brizion
Une fois l’ancre jetée, Heilas ayant réussi à approcher habilement les côtes escarpées, Valutsen fit signe à ses hommes de mettre les chaloupes à flot et de rejoindre la côte. Il avait prévu un voyage terrestre de quelques jours avant de retrouver l’autre groupe à Sakiluja, à condition de ne croiser aucune patrouille thûmienne et que le temps se maintienne. Dans tous les cas, il leur fallait avancer vite et discrètement, sans laisser de traces derrière eux. Une fois l’ensemble des vivres et de l’équipement déchargés, Valutsen s’approcha d’Heilas, de manière à ce que ses hommes ne puissent pas entendre ce qu’il allait dire.
“J’ai eu une idée tandis que nous évoluions dans la Baie. Il nous serait profitable de saborder le navire, et de laisser volontairement quelques morceaux de la coque reconnaissables, afin que les troupes du Capitole croient à notre naufrage. Nous pourrions ainsi gagner un temps précieux.
- Si vous pensez que cela nous sera profitable, je suivrai votre ordre capitaine. Sachez toutefois que l’idée de couler volontairement une goélette de cette qualité me soit insupportable.
- Je comprends votre douleur mon ami, et je la partage. Mais le Capitole enverra ses troupes coloniales à notre poursuite s’il découvre cette goélette amarrée et intacte.”
Ces mots du capitaine mirent fin à la discussion, et les deux amis s’armèrent de haches. Une fois ce sinistre travail achevé, la goélette disloquée prenait l’eau et s’enfonçait peu à peu dans la Baie, rejoignant les nombreuses épaves qui y avaient déjà été avalées. Ce navire disparaissant dans la mer rappela aux anciens membres d’équipage qu’ils s’apprêtaient à disparaître dans les terres d’Azilys et devenir ainsi des ombres renégates et maudites, bannies de leur cité natale. Plus aucun retour en arrière n’était possible, seule restait la marche au coeur des terres. La troupe se mit en route, silencieuse et aux aguets. Le premier soir, les hommes furent durement frappés par le froid qui régnait sur le continent d’Azilys. Le Bamelion ayant soudainement cessé de souffler, c’était un fort Brizion qui fouettait désormais les voyageurs, et les glaçait jusqu’à l’os. Il leur semblait d’ailleurs que ce vent était chargé d’une sombre magie, hurlant à travers les branches qui craquaient. Peut-être était-ce là un tour de leur imagination de marins, attisée par les légendes noires sur ce sinistre vent, qui était parfois appelé “vent des Abysses”, terme le plus éloquent pour un thûmien pour qualifier quelque chose qu’il craint. On disait que celui-ci était une création des chamanes Hulûhuri, qui l'envoyèrent sur les colons thûmiens lors de la première guerre, au début du IVe siècle avant Primonis, et qui provoqua le naufrage d’un grand nombre de vaisseaux de colons. Valutsen avait lu des récits de cette époque, de splendides épopées composées par les plus grands poètes thûmiens. Quelques vers lui revenaient à présent en tête, resurgissant dans sa mémoire à mesure que le Brizion s’intensifiait. Ces vers étaient ceux-ci :
“Dans le sombre du port errent des ombres,
Des souvenirs amers d’âmes à la mer,
Des corps de matelots emportés par les flots,
Des navires naufragés aux épaves trop âgées,
Des fantômes hurlants sur leur vaisseaux qui sombrent,
Des rêves engloutis par les vents et les eaux
Qui meurent au large, sans avoir touché terre,
Des cris emportés par la brise salée.
Et qui voient-ils, du haut de leur éternité ;
Depuis les Abysses ou le ciel le plus haut ?
Ont-ils vu ces feux que les naufrageurs embrasèrent ?
Ont-ils vu la mort qui riait de leur nombre ?
Leurs yeux vides, familiers à cette obscurité,
Doivent bien déceler quelque rivage gorgé de lumière !
Rien ! Rien que le vide qui resserre son étau,
Faisant craquer les coques des passeurs de pénombre.”